Importance de la certification des cliniques pour les patients voyageant pour une FIV à l’étranger | dr. Claudia Mika

Dr Claudia Mika est la fondatrice et PDG de Temos International Healthcare Accreditation, un organisme d’accréditation international basé en Allemagne. Temos International Healthcare Accreditation a été fondée en 2010 et aide les hôpitaux, les cliniques et les coordinateurs de voyages médicaux à fournir des performances et des soins de qualité supérieure aux patients nationaux, aux patients de cultures différentes et aux patients internationaux. Temos International encourage l’innovation et évite l’approche « taille unique » de l’accréditation qui ne fonctionne pas bien dans toutes les cultures pour les prestataires ou les patients.

Des soins de qualité pour les patients voyageant pour une FIV à l’étranger

Le Dr Claudia Mika développe et améliore les programmes d’accréditation Temos, évaluant les hôpitaux, les cliniques, les centres de réhabilitation, les centres de reproduction et les cliniques dentaires du monde entier. Elle a travaillé dans de nombreux pays avec des prestataires de soins de santé et elle possède une expérience de première main dans la construction de systèmes de gestion de la qualité ainsi que de services de patients internationaux, du Brésil aux Philippines. Ceci est particulièrement important pour les patients voyageant pour une FIV à l’étranger. Aujourd’hui, nous avons interviewé le Dr Mika sur la certification des cliniques de FIV.

Quelle est l’importance, du point de vue du patient, de l’accréditation de la clinique de FIV en termes de service international et de service aux patients ?

Cela devrait être primordial ! Bien que de nombreux patients ne connaissent pas l’agrément, ils en ressentent l’impact dans le cadre de leur expérience de patient.

L’accréditation vise à améliorer le système, les processus, les services, etc., par exemple pour réduire les temps d’attente ou augmenter les taux de réussite. Tous les patients, nationaux ou internationaux, reconnaissent les soins centrés sur le patient. Lors de nos entrevues avec les patients, nous entendons souvent dire que nos cliniques accréditées ont dépassé leurs attentes. On entend souvent : « Je ne connaissais pas l’accréditation mais j’en fais l’expérience et je dirai aux autres que cette clinique est accréditée selon les normes internationales ».

Regardez le webinaire “Comment vérifier les normes de qualité des cliniques de FIV”

Quelle est la différence entre la certification et l’accréditation ?

Excellente question. Il y a beaucoup de confusion sur la différence entre les deux car il n’y a pas de définitions universellement acceptées de ces termes. La clé pour la comprendre est d’aller au-delà de l’étiquette : il est plus important de comprendre le processus de l’organisme d’accréditation ou de certification que d’appréhender un terme ou un autre.

L’accréditation est un processus formel par lequel un organisme évalue et reconnaît qu’un établissement de soins de santé répond aux normes applicables prédéterminées et publiées. Les normes d’accréditation sont généralement considérées comme optimales et réalisables et sont conçues pour encourager les efforts d’amélioration continue. Une décision d’accréditation est prise à la suite d’une évaluation périodique sur site, par une équipe d’experts examinateurs, généralement effectuée tous les deux ou trois ans. L’accréditation est souvent un processus volontaire auquel les organisations choisissent de participer, plutôt que requis par la loi et la réglementation. Temos International Healthcare Accreditation en est un exemple.

La certification est un processus par lequel un organisme autorisé évalue et reconnaît un individu ou une organisation comme satisfaisant à des exigences ou à des critères prédéterminés. Bien que les termes accréditation et certification soient souvent utilisés de manière interchangeable, l’accréditation ne s’applique généralement qu’aux organisations, tandis que la certification peut s’appliquer à la fois aux individus ou aux organisations.

Lorsqu’elle est appliquée à des praticiens individuels, la certification implique généralement que l’individu a reçu une éducation et une formation supplémentaires et a démontré ses compétences dans un domaine de spécialité au-delà des exigences minimales fixées pour l’autorisation d’exercer. Exemple : un médecin qui reçoit une certification par un conseil de spécialité professionnelle dans la pratique de l’obstétrique. Lorsqu’elle est appliquée à une organisation ou à une partie d’une organisation, telle que le laboratoire, la certification implique généralement que l’organisation dispose de services, de technologies ou de capacités supplémentaires par rapport à ceux que l’on trouve dans des organisations similaires.

En tant que patient, que dois-je demander à la clinique avant d’en choisir une ?

Les patients doivent faire leurs propres recherches avec soin et ne pas hésiter à poser des questions ou à demander des informations supplémentaires. La communication avec la clinique est un élément essentiel des services de santé. Voici quelques questions à vous poser : la clinique a-t-elle un site Web convivial et bien construit, facile à utiliser et offrant des informations clés ? Contient-il des informations transparentes sur les services proposés et les coûts ? Y a-t-il des témoignages de patients publiés sur le site ? Comment se passent les activités sur les réseaux sociaux ? La vision et la mission de la clinique sont-elles clairement énoncées ? Peut-on parler facilement avec la clinique, y compris avec le médecin ? Les questions sont-elles répondues de manière complète et claire ?

• Dans l’ensemble, demandez-vous : « Est-ce que je me sens bien informé et entre de bonnes mains grâce à la présentation et aux informations fournies ? »
• Demandez à la clinique s’il y a une personne de contact privilégie pour toutes vos questions et vérifiez leur délai de réponse.
• Demandez le plan de traitement et les devis ainsi que les services disponibles avant, pendant et après le traitement.
• Renseignez-vous sur les qualifications des professionnels. Les médecins et les embryologistes ont-ils les qualifications et l’expérience adaptées à mes/nos besoins ? Les qualifications et l’expérience des professionnels sont-elles approuvées, par exemple par certification ? (voir question précédente).
• Renseignez-vous sur l’infrastructure technique. Y a-t-il des informations disponibles sur l’équipement utilisé, sur les normes de contrôle de la qualité de l’air en laboratoire et les normes d’accès ?
• La clinique explique-t-elle clairement et simplement ses taux de réussite ?
• Et bien sûr, demandez s’il existe une accréditation internationale pour la clinique qui implique une évaluation indépendante sur place par une tierce partie.

À quoi les patients doivent-ils faire attention lorsqu’ils sont à la clinique ?

En plus des questions suggérées, en ces temps de COVID-19, renseignez-vous sur les mesures de prévention des infections, d’hygiène (des mains) et de nettoyage.

Êtes-vous informé des mesures nécessaires pour minimiser le risque de transmission ? L’information est-elle affichée et/ou fournie par le biais d’une brochure ou d’un dépliant ?

Un autre point important est la disponibilité des informations et la documentation du plan de traitement, incluant un formulaire de consentement signé qui résume les objectifs, les risques et toute autre information applicable.

Une certification/accréditation appropriée est-elle automatiquement une garantie de qualité de la clinique ?

Oui, si nous définissons la « bonne accréditation » comme un processus d’amélioration continue comprenant une auto-évaluation et une évaluation externe par des tiers, afin de déterminer le niveau de performance par rapport aux normes établies.

Outre une meilleure efficacité et sécurité des patients et du personnel, des économies d’argent et d’autres valeurs ajoutées, l’objectif de l’accréditation est d’assurer une qualité élevée, du premier contact jusqu’à la fin du traitement.

Des centaines de normes aident la clinique à atteindre ces objectifs, à garantir que la documentation est complète, que les patients sont informés de leurs options de traitement mais aussi de leurs droits et devoirs, que le traitement et le travail de laboratoire sont effectués dans les conditions d’hygiène les plus strictes, que le personnel a la qualification requise, etc.

L’accréditation, c’est aussi assurer « la meilleure expérience possible pour les patients ».

L’information peut-elle être certifiée ou accréditée ? Par exemple, l’information sur les taux de réussite que les cliniques affichent sur leurs sites Web ? Certaines cliniques affirment que leurs statistiques ont été confirmées par un organisme indépendant.

Les statistiques isolées sous forme de nombres et de chiffres sans contexte ne peuvent être certifiées et cette approche est discutable et dangereuse.

Ce que nous faisons, ainsi que d’autres organismes d’accréditation sérieux, c’est demander des preuves confirmant que nos normes ont été mises en œuvre et qu’elles sont respectées. Nous demandons des paramètres de résultats ou des “indicateurs clés de performance” (KPI), des paramètres qui sont définis, mesurés, analysés et contrôlés régulièrement. Des mesures appropriées, des ajustements ou des modifications des paramètres de résultats ainsi que des actions correctives doivent être mis en place.

Si l’on prend l’exemple des “taux de réussite” publiés, la clinique doit expliquer clairement la base de ces statistiques. Les résultats sont-ils différenciés en fonction de l’âge de la femme en cours de traitement ? La cause de l’infertilité est-elle prise en compte ? Qu’entend-on par “succès” ? S’agit-il du taux de naissances vivantes, du taux de grossesse biochimique ou du taux de grossesse clinique ? Est-ce par transfert d’embryons, par transfert d’embryons congelés ou par transfert d’embryons multiples ? Il faut comparer “des pommes avec des pommes et non avec des oranges”.

Les cliniques qui travaillent dans le respect de l’éthique et qui offrent un niveau de qualité élevé font preuve de transparence et sont disposées à expliquer la signification de leurs statistiques. En tant qu’organisme d’accréditation, nous intégrons ces indicateurs clés de performance dans le cadre du programme d’accréditation global. Pour les prestataires de soins de santé reproductive, ces programmes d’accréditation consistent en 400 à 500 normes que nous examinons minutieusement afin que les patients puissent s’y fier.

La certification ISO 9001 est-elle importante du point de vue du patient ? De nos jours, la plupart des cliniques l’ont.

La norme ISO 9001 peut constituer une bonne base pour la mise en œuvre d’un système de gestion de la qualité ; toutefois, les patients doivent savoir que les normes du programme de certification ISO 9001 ne sont pas spécifiques aux hôpitaux et aux cliniques. Ces normes de certification peuvent être utilisées et mises en œuvre par n’importe quelle organisation, qu’il s’agisse de l’épicerie du coin, d’un gymnase, d’un atelier de réparation automobile ou d’une clinique.

Des milliers d’entreprises dans le monde proposent la certification ISO 9001. La qualité de ces entreprises varie, allant d’une excellente assistance à la clientèle comprenant des auditeurs bien formés à l’absence totale de service et à la seule vente du certificat. Malheureusement, il est assez difficile pour les patients de s’informer sur la qualité de la certification ISO 9001 d’une clinique. Le certificat ISO 9001 ne doit pas être le seul critère de décision.